En matière de lutte contre la désertification médicale, le Département de la Corrèze a été, après la Saône-et-Loire, l’un des premiers départements français à faire le choix de salarier des médecins généralistes.
Depuis son ouverture en septembre 2019, le centre de santé départemental permet l’accès à un médecin traitant à 14.440 patients, soit l’équivalent de 6 % des habitants de la Corrèze.
Bientôt huit lieux d'implantation
Avec quatorze médecins pour 9,5 équivalents temps plein, rémunérés entre 5.000 et 6.000 € mensuels – « des jeunes qui n’ont pas envie d’exercer dans les grandes villes ou des futurs retraités qui ne trouvent pas de repreneur et poursuivent ainsi une activité à temps partiel », selon Pascal Coste, le président du conseil départemental –, la structure déploie son réseau sur le territoire corrézien.
Elle compte sept lieux d’implantation : Égletons, Meymac, Ussel, Bort-les-Orgues, Treignac, Neuvic, Sornac. « Une huitième antenne est prévue à Lapleau, avec un jour de présence d’un médecin par semaine », précise Pascal Coste.
Un modèle économique difficile à trouver
La collectivité y consacre 372.700 euros de dépenses de fonctionnement et 134.000 € d’investissement pour 2022. C’est le prix à payer pour que la population puisse continuer à se soigner.
La tâche n’est d’ailleurs pas aisée, poursuit Pascal Coste, qui reconnaît qu’il faudrait environ 30 médecins pour espérer atteindre l’équilibre : « Cela reste très compliqué de recruter dans un département hyper rural comme le nôtre. Les médecins sont très sollicités et ont l’embarras du choix. »
La solution choisie par le Département se veut temporaire. « À terme, notre volonté est de n’être qu’une étape, un passage. L’idée est de pallier la carence actuelle et de faire en sorte que ces médecins salariés découvrent le territoire et décident de s’y installer en libéral », se projette le président du conseil départemental.
Plus de 2.200 centres de santé en France
Au niveau national, la Nouvelle-Aquitaine est la 2ème région après l’Île-de-France pour la création de centres de santé médicaux (non ophtalmologiques) ou polyvalents avec de la médecine générale : 29 structures ont été créées entre 2017 et 2021 (*).
Aucune n’a pour l’instant vu le jour en Haute-Vienne, des réflexions y sont néanmoins en cours.
En France, il existe plus de 2.200 centres de santé, gérés par des collectivités, des associations ou encore des mutuelles et organismes de sécurité sociale, selon l’Observatoire de la fédération nationale des centres de santé. Parmi eux, 700 centres purement médicaux ou polyvalents avec un ou des médecins généralistes. Fin 2020, en termes d’effectifs, cela représentait 1.660 temps plein de médecine générale.
La plupart des centres sont exclusivement dentaires ou infirmiers.
(*) D’après une étude menée par l’Institut Jean-François Rey, association spécialisée dans la recherche sur les centres de santé.
Hélène Pommier
article la montagne
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