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La mer, ou presque, débarquera du 9 juillet au 13 août sur le site de Cahors Plage qui ne veut pas s'ensabler sous le poids de suspicions de risques sanitaires. La question est posée. La réponse argumentée. Détails...

Le sable fin, l'eau, les rires des enfants… On se croirait presque à la mer lorsque le sable de Cahors Plage prend place le long d'une parcelle des berges du Lot tout près du pont Louis-Philippe.

Même si on peut objectivement préférer les plages de Corse ou des Baléares, le décor est idyllique. Mais en évoquant une suspicion de pollution du sable livré à Cahors Plage, le Gadel (Groupement associatif de défense de l'environnement du Lot) tente de démontrer techniquement et scientifiquement, en s'appuyant sur une enquête de longue haleine, que l'on est plus près d'un vrai risque sanitaire que des gentilles aventures fictives de «Martine à la mer». Jacques Philbert, président du Gadel, ouvre ce dossier : «On se demande si le sable en provenance des carrières est apte à alimenter un lieu public sur lequel des familles vont venir s'allonger», dit-il.

Rémi de Bouteiller, responsable de la commission carrières au Gadel, entre à son tour dans le vif du sujet : «Il faut que chacun comprenne comment est exploité le sable. Il est extrait du sol dans une enveloppe d'argile qui est ensuite défloculée. Cela signifie qu'elle est débarrassée de son eau avant d'être rapatriée dans les trous de fouille. Tout arrive dans de l'argile : le galet, le gravier et donc le sable», détaille-t-il.

«En bref, il faut laver l'ensemble pour garder le produit fini : le sable», résume Jacques Philbert avant que Rémi de Bouteiller ne pointe du doigt la problématique majeure qui éveille les suspicions sanitaires sur le site de Cahors Plage.

«Nous nous sommes intéressés à la dangerosité des floculants. Ils sont chimiques. Des études en laboratoires dont les rapports commencent à sortir disent que cela peut occasionner des problèmes neurologiques».

Question : le sable a-t-il vraiment baigné dans un mélange chimique pouvant être dangereux ? «Oui. En plus des floculants, il y a d'autres produits chimiques dont nous ne pouvons pas avoir connaissance. Nous nous attardons sur les floculants, car c'est la base du travail de séparation de l'argile du reste», justifie Jacques Philbert.

Pourquoi tant de mystères enfouis sous le sable alors que des questions de santé publique sont au centre de ce dossier ?

La réponse fait froid dans le dos : «Les entreprises qui conçoivent ces floculants se retranchent derrière le secret industriel pour ne pas communiquer», s'offusque Rémi de Bouteiller.

La preuve la plus flagrante de la réalité chimique évoquée réside dans le fait que «des recherches sont menées pour la production d'un floculant bio. C'est donc reconnaître que le floculent au contact du sable est toxique», en déduit Jacques Philbert. «Est-ce que le sable lavé dans des conditions où les divers matériaux sont séparés dans un bain chimique ne reste pas imprégné de ces mêmes produits lorsque les enfants s'amusent dedans et font leurs châteaux de sable ? C'est la question que l'on se pose depuis des années sans avoir de réponse», regrette-t-il.

Une autre question clé concerne l'entretien de ce même sable. L'ARS s'appuie sur l'article 97 du règlement sanitaire départemental applicable aux aires de jeux et aux bacs à sable et stipulant que le sable doit être changé ou désinfecté selon l'estimation du besoin.

«C'est assez vague. L'ARS doit se rapprocher de la mairie pour vérifier les conditions de nettoyage de la plage et évaluer la qualité du sable importé» se rassure le président du Gadel.

«Il faut cependant rester vigilant. Les problèmes surviennent plus vite qu'on ne le pense», conclut-il. Il y aura donc des contrôles actifs et préventifs pour enterrer tous les risques. Sous un sable sain ?

Le doute plane, porté par le vent du large. Enfin presque.