Repartagé près de 1.300 fois sur le réseau Twitter, un document publié par Carlo Alberto Brusa prétendrait que « la thérapie génique Covid-19 » aurait provoqué environ 1,4 million d'effets indésirables en Europe. L'avocat et président de l'association controversée Réaction 19 n'en est pas à son coup d'essai.
Capture d'écran Twitter
Cette publication mentionne comme source l'Agence européenne du médicament et son site EudraVigilance qui gère depuis 2012 la base de données européenne des rapports sur les effets indésirables suspectés des médicaments. Mais que dit vraiment cette base ?
Une confusion
En premier lieu précisons que ce document partage un contre-sens en mentionnant à plusieurs reprises la notion de « thérapie génique » accolée à Covid-19. On peut imaginer que Carlo Alberto Brusa fait ainsi référence aux vaccins à ARN messager, qui ont été accusés à tort de modifier notre code génétique, notre ADN.
Or la technique de la thérapie génique et celle de l'ARN messager sont totalement différentes, comme le rappelle très bien Lucia Sillig, journaliste à la Radio Télévision Suisse :
Ce document dit également que « seules 4 marques de thérapies géniques [sont] recensées ». Outre le fait que le terme de « marque » n'est pas adapté à ce contexte, le document fait peut-être référence aux quatre vaccins contre le Covid-19 présents dans la base de données citée. Mais seulement deux fonctionnent avec la technique de l'ARN messager (amalgamée en thérapie génique) - celui de Pfizer-BioNTech et celui de Moderna.
Une inexactitude
Regardons maintenant de plus près ce chiffre de 1.380.369 effets secondaires. En suivant la logique de Carlo Alberto Brusa, il doit correspondre au nombre d'effets secondaires rapportés après l'injection des deux vaccins cités précédemment, en Europe.
En consultant la base de données européenne des rapports sur les effets indésirables suspectés des médicaments pour ces deux vaccins, on tombe toutefois sur des chiffres bien différents : 198.678 effets secondaires ont été rapportés pour le Pfizer-BioNTech et 34.269 pour le Moderna, soit un total de 232.947 à l'échelle de l'Europe. Bien loin des 1,4 million avancé.
Comme l'a démontré LCI, cette analyse est pourtant trompeuse, Eudravigilance insistant notamment sur le fait que « ces effets indésirables suspectés peuvent ne pas être liés au médicament ou ne pas avoir été provoqués par ce dernier ».
En France, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) recense seulement 11 décès liés à l'administration d'un vaccin contre le Covid-19, en l'occurrence celui d'AstraZeneca. Elle précise pour les trois autres vaccins disponibles en France que « concernant les cas de décès déclarés, les données actuelles ne permettent pas de conclure qu’ils sont liés à la vaccination ».
Une imprudence
Il convient de prendre avec une grande prudence les informations liées à la remontée d'effets secondaires indésirables. De nombreux articles de presse ont fait état de « records » de déclarations transmises aux différents centres régionaux de pharmaco-vigilance (CRPV).
Des records qui n'ont rien d'anormaux car l'ANSM a justement mis en place un dispositif renforcé pour surveiller dans le temps la survenue d’éventuels effets indésirables, une opération inédite à cette échelle. Mathématiquement le nombre de déclarations est donc haut. Des déclarations qui vont du simple mal de bras (des gênes communes à l'ensemble des vaccins) à des effets plus graves.
Quels pays ont rendu la vaccination contre le Covid-19 obligatoire ?
En France, l'ANSM comptabilisait au 29 mai 39.838 cas d'effets indésirables sur plus de 31.478.000 injections, parmi ces cas 26 % étaient considérés comme graves, soit un risque d'environ 0,03 %.
Une notion de gravité elle-même nuancée dans un précédent article par la professeure Marie-Laure Laroche, responsable du CRPV du Limoges : « Cette notion de gravité est vaste. Elle englobe aussi bien les effets inattendus qu'attendus avec un caractère particulier : par exemple les syndromes grippaux causés par AstraZeneca. L’intensité des symptômes et l’ampleur du nombre de personnes touchées, avec beaucoup d’arrêts maladie, ont justifié qu’ils soient médicalement significatifs et classés "graves". »
Julien Jégo
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ARTICLE LA MONTAGNE https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/non-les-vaccins-n-ont-pas-entraine-1-4-million-d-effets-indesirables-en-europe_13962594/

