L es antibiotiques, c’est pas automatique »… Ce slogan de 2002 a marqué les mémoires, mais pas encore assez selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dans son Panorama de la santé 2017. « Les médecins ont la main lourde », commente Valérie Paris, spécialiste des politiques de santé à l’OCDE. Selon elle, « il y a beaucoup de prescriptions d’antibiotiques non justifiées », par exemple pour des angines virales et non bactériennes, alors que les antibiotiques sont destinés à combattre les bactéries.
Si la France fait partie des bons élèves (espérance de vie, qualité du système de soins…), la surprescription d’antibiotiques reste un point noir : dans l’OCDE, seule la Grèce en consomme davantage. « En France, l’utilisation des antibiotiques est supérieure de près de 50 % à la moyenne des pays de l’OCDE », écrit l’organisation. La consommation de la France se monte à trente « doses quotidiennes définies » (une unité de mesure statistique) pour 1 000 habitants, contre vingt en moyenne dans les pays de l’OCDE. À titre d’exemple, le pays qui en consomme le moins, les Pays-Bas, affiche un score de dix, soit trois fois moins que l’Hexagone.
« Il y a eu beaucoup de campagnes de sensibilisation mais elles ont un effet limité dans le temps. On avait observé une petite inflexion mais c’est reparti à la hausse depuis deux ou trois ans environ », relève Mme Paris.
Selon le document de l’OCDE, 93% de la consommation d’antibiotiques provient de la médecine libérale et 7% des établissements hospitaliers
Si la consommation d’antibiotiques a globalement baissé de 11,4 % en France entre 2000 et 2015, elle a augmenté de 5,4 % entre 2010 et 2015, notait l’Agence du médicament ANSM dans un rapport publié en janvier. La question dépasse les frontières françaises. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) tire régulièrement la sonnette d’alarme sur l’augmentation de la résistance aux antibiotiques et le manque de nouveaux médicaments en développement.
« La résistance aux antimicrobiens est une urgence sanitaire mondiale qui met sérieusement en péril les progrès de la médecine moderne », a prévenu le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus en septembre. En France, on estime que la résistance antibiotique cause 12 500 décès par an, des chiffres « probablement sous-estimés », soulignait un rapport, remis mi-septembre, au ministère de la Santé.<cci:puce_cpi16 class="macro" name="PUCE_CPI16" displayname="PUCE_CPI16">
L’espérance de vie
Celle des Français à la naissance est relativement longue par rapport aux autres pays de l’OCDE : 82,4 ans contre 80,6 en moyenne. La France arrive en sixième position.
Facteurs de risques
Tabagisme et consommation d’alcool restent les points faibles des Français. 22 % des Français de plus de 15 ans fument, contre 18 % dans la moyenne de l’OCDE. Les Français de 15 ans et plus consomment 11,9 litres d’alcool pur par an, contre 9 dans la moyenne des pays de l’OCDE. 9 litres d’alcool pur correspondent à 100 litres de vin environ.
Vaccination
« Le taux de vaccination des enfants contre la rougeole en France est parmi les plus faibles des pays de l’OCDE », relève l’organisation. Selon elle, « en 2015, 9 % des enfants âgés d’un an en France n’étaient pas vaccinés contre la rougeole, contre seulement 5 % en moyenne dans les pays de l’OCDE ».