Je vous transmets pour information l'objet ci-apres:
  
 Le dernier communiqué du 10 avril du 3977 soulève le problème des maltraitances invisibles des personnes âgées à domicile.
 une échelle des maltraitances élaborée par la ville de Paris.
 La maltraitance change de visage : le domicile devient l'épicentre silencieux
 Baisse des maltraitances en établissement : la vigilance doit se déplacer vers le domicile, nouveau cœur du risque. 
  
 Depuis plus de trente ans, la Fédération 3977 agit en première ligne pour protéger les adultes vulnérables. Elle coordonne un réseau national de 51 Centres ALMA départementaux ainsi que la plateforme téléphonique 3977, véritables vigies citoyennes, indépendantes et éthiques qui écoutent, analysent et accompagnent les situations de maltraitance.
  
 Chaque année, plus de 60 000 appels y sont traités, révélant l'ampleur et la complexité des situations vécues. Ces missions, aujourd'hui reconnues comme essentielles, s'inscrivent pleinement dans les orientations des pouvoirs publics : États généraux des maltraitances (2023), Stratégie nationale de lutte contre les maltraitances (2023-2027), et loi du 8 avril 2024 pour une société du bien vieillir.
  
 Mais alors que le débat reste focalisé sur les établissements, les données de terrain racontent une tout autre histoire.
 Alors que l'actualité médiatique et politique focalise son attention sur les établissements médico-sociaux, les chiffres 2024 de la Fédération 3977 contre les maltraitances bousculent les idées reçues :
  
 Sur la base des 60 000 appels en 2024, il est révélé non seulement une forte baisse des situations de maltraitance en institution, mais aussi une progression préoccupante des faits au domicile, souvent invisibles, toujours complexes, parfois dévastateurs.
 Une augmentation historique du nombre de dossiers.
 En 2024, près de 13 000 dossiers ont été ouverts sur l'ensemble du territoire, soit une hausse de 42 % par rapport à 2022.
 La plateforme nationale 3977 est à l'origine de 97 % de ces ouvertures.
 Cette augmentation s'explique à la fois par une meilleure notoriété du numéro, une concentration des appels sur les horaires, et une montée en puissance des professionnels prescripteurs (professionnels de la santé, du social, ARS, conseils départementaux, etc.), qui représentent désormais 42 % des appelants, contre 31 % en 2022.
 Sortir de la chasse aux sorcières : les établissements ne sont pas le problème central
 Depuis le scandale Orpea, une véritable chasse aux sorcières a touché les établissements médico-sociaux.
Mais les données 2024 montrent une dynamique toute différente :
 - Les maltraitances en établissement sont passées de 41 % en 2022 à 27 % en 2024.
  - Les maltraitances médicales ont été divisées par deux,
  - La part des personnels d'établissement parmi les auteurs prévoit une baisse de 28 % à 14 %.
 
 Cela s'explique en partie par une reprise en main salutaire des établissements : meilleure régulation, développement d'outils internes de signalisation, contrôles renforcés.
 Ces efforts sont à vérifier, soutenir et accompagner, mais les établissements ne sont plus le problème majeur.
 Le domicile : épicentre silencieux de la maltraitance
 À l'inverse, le domicile devient le principal lieu des maltraitances signalées, avec :
 - 73 % des signalisations en 2024, contre 59 % en 2022.
  - Une majorité des auteurs présumés issus de la famille (48 %).
  - Une explosion des maltraitances psychologiques (31 %)
 
 Les personnes âgées sont les principales victimes (71 %), et les femmes sont deux fois plus souvent concernées que les hommes.
  La tranche d'âge 46-60 ans (pour les personnes en situation de handicap) est celle où la progression des situations révélées est la plus forte, témoignant d'un phénomène intergénérationnel.
 Typologie des maltraitances signalées en 2024
 Sur 12 700 créations de dossiers, 63 % sont ouvertes pour maltraitances suspectées.
 La part des maltraitances non physiques est massive (84 %), révélant la prégnance des violences insidieuses, diffuses et invisibles.
  
 Ce que la Fédération 3977 va engager
 Face à cette nouvelle cartographie du risque, la Fédération 3977 annonce une série d'engagements pour 2025 :
 - Renforcer les actions en direction du domicile, en outillant les réseaux d'aide à domicile, les proches aidants et les associations locales pour mieux repérer et traiter les maltraitances de l'intime.
  - Structurer une offre de services à destination des établissements, non dans une logique de dénonciation, mais pour soutenir les démarches existantes de bientraitance et faire entendre la parole des résidents, familles et professionnels.
  - Déployer une stratégie de formation territoriale, au service d'un repérage précoce, d'un traitement coordonné des alertes et d'une orientation claire vers les bons interlocuteurs.
  - Positionner la Fédération 3977 comme acteur national de confiance, niveaux de recours pour les victimes et les Centres Alma dont l'expertise terrain est un véritable levier opérationnel pour les structures locales.
 
 Un appel à agir autrement
 La maltraitance n'est plus là où on l'imagine.
 Elle ne se limite pas aux scandales médiatisés, ni aux établissements devenus boucs émissaires.
 Elle se niche dans l'intime, au cœur des foyers, dans les silences familiaux, les abandons affectifs, les dépendances invisibles.
 C'est là que la bataille de la bientraitance doit désormais se jouer.
 Elle exige des moyens, une stratégie nationale et une mobilisation sans relâche.
  
 
 Fin de vie : "Je me sens prêt à partir. La douleur n'est plus supportable. Et puis, je fais trop souffrir les autres" 
 
  
 Quelques heures avant de rentrer dans le coma, notre témoin se confie à notre équipe. •© FTV
   Publié le 31/05/2024 à 11h08  Au mois de mars dernier, nous avons recontré un malade du cancer, âgé d'une cinquantaine d'années, alors qu'il s'apprêtait à entrer dans un coma dont il ne se réveillerait jamais. Témoignage.
 "Est-ce qu'on est vraiment prêt un jour, je ne le sais pas. Mais oui, je me sens prêt. Aujourd'hui, même si le cerveau résiste, le corps ne tient plus, et la douleur n'est plus supportable. Et puis, je fais trop souffrir les autres. Alors je suis ici pour partir dans la sérénité".
 L'homme, âgé d'une cinquantaine d'années, qui se confiait à nous au mois de mars dernier nous avait accueillis dans sa chambre d'hôpital d'Ajaccio, au service des soins palliatifs.
 Il était atteint d'un cancer généralisé, et dans quelques heures, il allait entrer dans un coma, sous sédation profonde et continue, qui le conduirait jusqu'à son décès.
 Parcours du combattant 
C'est au mois de juillet 2023, alors qu'il fait face à de très intenses douleurs, et à une aggravation de sa maladie, qu'il envisage pour la première fois la solution de la fin de vie. Mais la loi, en France, ne lui reconnaît pas ce droit, au vu de sa situation. "Pourtant, même si j'avais encore toute ma tête, je me considérais comme ne pouvant strictement plus rien faire..."
 Alors, il envisage la Suisse, après avoir pris contact avec l'association Dignitas. "Et puis j'ai renoncé pour deux raisons : la première, c'est le prix, 9.000 euros, que j'estimais être une somme trop importante. Mais ce n'est pas le plus important. Ce qui m'a fait reculer, c'est qu'il fallait le faire soi-même. Je suis contre le suicide assisté. C'est très difficile, même quand on est prêt à partir, comme je le suis aujourd'hui. Je ne sais pas comment j'aurais réagi au moment de verser le produit qu'on doit boire pour en finir dans le verre prévu à cet effet..."
  
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 Mais le quinquagénaire, qui a été durant quelques années en poste à Lille, se rappelle que la Belgique a également une législation plus souple que la France concernant l'aide à mourir. "Il faut être atteint d'une maladie incurable, et le délai nécessaire pour pouvoir en bénéficier est de six mois d'espérance de vie". Profitant des lignes directes entre Ajaccio et Charleroi, il se rend sur place, et obtient ce qu'il appelle son "sésame".
 "Au mois d'octobre dernier, après avoir reçu ma compagne pour s'assurer qu'elle était également prête à faire face à mon choix, ils ont accepté, et on a convenu d'une date, fin avril-début mai 2024".
 Rallonger le délai 
Seulement voilà, en janvier dernier sa santé continue de se détériorer, et il est hospitalisé à domicile, avec une équipe de soins palliatifs sur place. Semaine après semaine, la situation est plus critique, jusqu'à ce que les docteurs ajacciens envisagent une sédation profonde. 
 "J'ai appelé Charleroi, avec qui je m'étais engagé, mais ils m'ont dit qu'il valait mieux le faire en Corse, si la loi Leonetti le permettait, pour que je sois avec mes proches et mes amis. Et ils m'ont souhaité une bonne fin de vie".
 Ce n'est pas un sujet qu'il faut traiter de manière philosophique. Il faut comprendre la souffrance du malade
 
 Le jour où l'hôpital d'Ajaccio l'appelait pour lui annoncer qu'il pourrait bénéficier de la sédation profonde, Emmanuel Macron prenait la parole, et annonçait qu'il envisageait une évolution de la loi en France concernant l'aide à la fin de vie.
 Et après le parcours du combattant qu'ont été ses démarches pour en bénéficier, il a bien sûr un avis sur la question : "Je ne pense pas qu'il faut changer la loi. Mais il faut vraiment fixer un délai pour décider de qui peut en bénéficier". 
 
 La croix, et la tête de maure, pour l'accompagner dans sa démarche. •© FTV
  L'ancien haut fonctionnaire rajuste son tee-shirt AC/DC et, après quelques secondes de silence, rajoute : "Il faut être pédagogue. Tout le monde dit que c'est très important, et il y a des débats sans fin dans les médias. Mais ce n'est pas un sujet qu'il faut traiter par la philosophie. Il faut être pragmatique, comprendre la souffrance du malade, et le remettre au centre de la décision".
 Le quinquagénaire, qui a souhaité rester anonyme, jusqu'à la fin, semble apaisé. Ses traits sont détendus, comme si son corps, aussi, savait la délivrance proche. Quand on lui demande si ce choix qu'il a fait est en accord avec ses croyances, il assure que oui. 
 "Depuis quelques jours, j'ai l'impression qu'il y a quelqu'un à côté de moi pour m'aider à faire mon dernier pas en paix. Je pars en voyage, et j'espère que ce sera quelque chose de fantastique". 
  
 Ce vendredi soir, à 20h45, notre émission Sucetà vous propose un documentaire suivi d'un débat sur la question de la fin de vie, qui est examinée en ce moment à l'Assemblée nationale. 
  
 Retrouvez le documentaire de 26 minutes de Marie-France Giugliani, Stéphane Lapera et Jean-Jérôme Delsol, consacré à la question de la fin de vie : 
 ARTICLE FR3 https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/corse-du-sud/fin-de-vie-je-me-sens-pret-a-partir-la-douleur-n-est-plus-supportable-et-puis-je-fais-trop-souffrir-les-autres-2975366.html