Après Paris, Bordeaux, Périgueux ou Sarlat, l’opération « Kfé capote » aura lieu, aujourd’hui, pour la première fois à Tulle, ville pionnière dans l'ex-région Limousin. À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA, un préservatif gratuit accompagnera toute tasse de café commandée dans 23 établissements de la ville. 2.500 préservatifs seront distribués par les cafés et restaurants tullistes ainsi qu'au dancing « Les mélodies de nacre ».
Derrière cette initiative, incarnée par une affiche rose rigolote, Le centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (*) (CeGIDD) et le Centre de planification familiale (**) du CH de Tulle, les deux représentés par Annie Vialard, sage femme et conseillère conjugale et familiale.
Tout le monde est concerné !Pour la conseillère conjugale et familiale, " le sida, on n’en parle actuellement presque uniquement à l’occasion de la journée mondiale. Pourtant, tout le monde est concerné, les jeunes, comme les moins jeunes. Il suffit qu’on fasse une rencontre, qu’on soit très tenté. Si on n’a pas de préservatif, on peut se mettre en danger. Il y a une augmentation de 25 % des cas de maladies sexuellement transmissibles (MST) chez les plus de 50 ans. Souvent, ces gens-là, n’ont pas trop l’habitude du préservatif. Ils ne sont pas informés sur les MST et notamment sur la recrudescence des cas de syphilis en Corrèze, pour lesquelles le préservatif reste le moyen de protection le plus sûr".
Annie Vialard du planing familial organise l' opération kfé capote Tulle
Le nombre de malades du sida n’est pas très important en Corrèze. Mais, les infections locales (papillomavirus, mychoplasmes ou gonocoque) restent très présentes. « Par exemple, avec l’évolution des pratiques sexuelles, le papillomavirus qu’on retrouvait avant sur le col d’utérus (il est responsable du cancer du col d’utérus), on le retrouve actuellement, dans d’autres endroits comme la sphère ORL » constate Annie Vialard.
Annie Vialard intervient régulièrement dans les collèges et les lycées corréziens dans le cadre de l’éducation à la sexualité.
La sexualité n'est pas tabou au lycée Edmond-Perrier de Tulle
Quelles questions les collégiens lui posent le plus souvent?? « Il y a beaucoup d'interrogations sur la pornographie ( à 13 - 14 ans, la plupart d’ados ont déjà vu des films pornos sur Internet ), note-t-elle. Par exemple, les notions de performance sexuelle dictées par la pornographie peuvent devenir quelque chose d’angoissant pour eux. Parfois, en entretien individuel, certains jeunes me disent : “avant de démarrer le rapport, j’ai peur de ne pas être bon (bonne)”. C’est terrible. La pornographie, c’est la banalisation de la consommation du corps. »
On a l'impression que les jeunes cherchent un mode d'emploi dans la pornographie.
La sage-femme appuie : « A un moment donné, on recadre les adolescents, en leur expliquant que nous parlons de la sexualité affective, c’est-à-dire celle de respect de l’autre. La pornographie n’a rien à voir avec la normalité, ni avec une histoire d’amour. On a l’impression que les jeunes y cherchent un mode d’emploi. »
La pornographie influence aussi la sexualité des plus grands. Annie Vialard le confirme?; « En tant que conseillère familiale et conjugale, je rencontre actuellement assez souvent les problématiques liées à l’échangisme. Lorsque les deux partenaires sont d’accord pour vivre une telle expérience, tout va bien. Mais, si l’un de deux n’est pas consentant, ça peut devenir un sacré problème. »
Dragan PEROVIC