La nouvelle formule du Lévothyrox, médicament destiné à traiter des maladies thyroïdiennes et qui a suscité des protestations parmi les patients, a conduit certains à se rabattre sur des gouttes. Ce qui risque de priver des enfants de ce traitement indispensable. L’Agence du médicament s’inquiète.
La polémique autour de la nouvelle formule du Lévothyrox prend un tournant inquiétant selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de la santé (ANSM). Le changement de composition de ce médicament destiné aux personnes souffrant de problèmes de la thyroïde a conduit certains à se rabattre sur des gouttes. Ce qui risque de priver des enfants de ce traitement buvable pourtant essentiel pour eux.
Ces gouttes (L-Thyroxine Serb) contiennent la même hormone de substitution, la lévothyroxine, que les comprimés de Lévothyrox. D’après l’ANSM, elles sont « indispensables pour les enfants de moins de 8 ans et pour les personnes qui ont des troubles de la déglutition ». Pour ces patients, qui ne peuvent pas prendre des comprimés, « il n’y a pas d’alternative », précise, ce jeudi, le directeur général de l’ANSM, Dominique Martin.
« Rupture de disponibilité »
L’Agence redoute ce report de nombreux patients adultes vers les gouttes. « Ce report est susceptible de créer une rupture de disponibilité de cette spécialité. Il faut tous agir (médecins, pharmaciens, patients, NDLR) pour que cela n’arrive pas ».
Par conséquent, les gouttes, qui représentent environ 1 % des ventes, doivent leur être « exclusivement réservées » ainsi qu’aux patients ayant des troubles de la déglutition. L’ANSM demande donc « dès à présent » aux médecins et aux pharmaciens de respectivement les prescrire et les délivrer « uniquement » à ces patients prioritaires. Les pharmaciens doivent inviter les autres patients présentant une ordonnance de gouttes à consulter à nouveau leur médecin.
Trois millions de patients prennent du Lévothyrox en France pour hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde. Contrairement à d’autres pays plus aucun générique n’est disponible en France, fait savoir l’agence sanitaire.
170 000 mécontents ont signé une pétition
Le changement de formule du Lévothyrox du laboratoire Merck Serono (groupe Merck KGaA) ne concerne pas le principe actif (la lévothyroxine) mais porte sur des excipients qui lui sont associés. Comme le lactose qui a été remplacé par le mannitol, très courant dans l’alimentation et d’autres médicaments.
Néanmoins, la nouvelle formule est accusée d’engendrer divers effets secondaires (crampes, maux de tête, vertiges…). Une pétition a même été lancée en ligne pour dénoncer cette situation. Elle a été signée par plus de 170 000 mécontents, patients ou proches.
Un numéro vert (accessible du lundi au vendredi au 0 800 97 16 53) a été mis en place le 23 août par l’ANSM pour « répondre aux inquiétudes des patients ». Il a reçu un afflux d’appels les deux premiers jours, avec près de cent mille appels les deux premiers jours, certaines personnes appelant plusieurs fois avant d’obtenir une réponse vu l’encombrement.
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