Le Royaume-Uni ne peut se passer des 57 000 travailleurs européens qui font tourner son système de santé. Le Brexit, dont les négociations débutent lundi, plombe déjà les inscriptions dans les écoles d'infirmiers.
15 h, dans le vaste hall de l'hôpital Royal Victoria. Le tourniquet de l'entrée valse non stop. « On peut faire une croix sur la pause »,soupire Rosie l'infirmière, 54 ans. Tout en trottinant, elle accepte de parler « deux minutes ».Sous couvert d'anonymat et à l'écart des regards : « Se plaindre n'est pas très bien vu ici, mais je peux vous dire qu'on n'en peut plus. Les collègues craquent à tour de rôle. »
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Dans son service de stomatologie, deux postes d'infirmiers ne sont pas pourvus « depuis au moins un an »,selon elle. Impossible d'aller vérifier. La direction ne tient pas à voir les manquements de son hôpital étalés dans la presse. Tout juste le chef des infirmiers, Ian Joy, confirme-t-il que « 7,6 % des postes de nurses sont vacants ».Mais c'était pire l'an dernier, avec « 9,6 % »de trous dans les effectifs. L'hôpital a tout tenté, s'appuyant « sur les réseaux sociaux, pour attirer des candidats à l'international ».
« Pas sans les Européens »
Faute de bras, cela fait belle lurette que le NHS, le service de santé public britannique, a ouvert ses recrutements aux étrangers. Infirmiers, aides-soignants, médecins... Tous métiers confondus, les seuls Européens occupent 57 000 postes à travers le pays. 4 % des infirmiers sont des ressortissants de l'UE.
« Que se passera-t-il demain, s'ils doivent quitter le pays ?,s'inquiétait début juin, au micro de la BBC, le secrétaire gallois à la Santé, Vaughan Gething. Les Européens ne font pas que contribuer à notre société. Ils sont notre société. Nous n'y arriverons pas sans eux. »
Le Royaume-Uni ne peut se passer des 57 000 travailleurs européens qui font tourner son système de santé | service infographie
Sans attendre, le Pays de Galles vient de lancer une campagne pour débaucher des « nurses » en Europe, mais aussi en Inde, aux Philippines, en Chine et en Afrique. À la clef, promet Vaughan Gething, la prise en charge des 10 300 € de frais de formation pour les jeunes volontaires.
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Lire notre politique sur les cookies« Le Brexit fait déjà des dégâts »,alerte l'infirmière Julia Charlton, du syndicat du personnel de santé UCU, à Newcastle.Dans les centres de formation, les inscriptions pour la rentrée de septembre ont baissé de 23 %, selon le Royal College of Nursing. « Les jeunes hésitent à se lancer dans des études au Royaume-Uni alors qu'ils ne savent pas si leur diplôme sera reconnu, demain, dans le reste de l'Union européenne »,analyse Julia Charlton.
Crise des vocations
Le Brexit n'est pas seul responsable de cette hémorragie d'élèves infirmiers. Le rétablissement de leurs frais d'inscription, dès la prochaine rentrée, en a aussi découragé beaucoup. « Notre système de santé ne pourra pas survivre à cette crise de vocations », prévient déjà le Royal College of Nursing.
24 000 postes d'infirmiers sont toujours vacants. « La situation est tout aussi tendue pour les médecins, aides-soignants, sages-femmes et personnels paramédicaux », alerte l'antenne Santé du Labour (Parti travailliste). Rosie la nurse s'avoue « un peu découragée : nous n'avions pas besoin du Brexit en plus... »
Les inquiétudes sont fortes autour du futur du système de santé britannique, le NHS | Ouest France